Un ticket de caisse oublié au fond d’une poche peut parfois raconter une histoire plus lourde que mille relevés bancaires. Derrière les chiffres, deux formes de surendettement rôdent, prêtes à bouleverser des vies sans prévenir.
Certains glissent doucement, accumulant discrètement les crédits jusqu’à l’asphyxie. D’autres se retrouvent soudainement submergés, une crise frappant sans prévenir. Comprendre ces deux visages du surendettement, c’est s’offrir une chance de reprendre la main avant que la spirale ne devienne incontrôlable.
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Surendettement en France : un phénomène aux multiples visages
Les données de la Banque de France claquent comme un coup de tonnerre : en 2024, 134 803 dossiers de surendettement sont venus s’empiler sur les bureaux, soit une hausse de 10,8 % en un an. Impossible d’ignorer la montée des situations de finances personnelles fragilisées. Pour la moitié des ménages concernés, l’horizon est bouché – plus aucune capacité de remboursement. La dette médiane s’élève à 18 807 euros, et hors immobilier, la dette moyenne grimpe à 30 315 euros.
Le surendettement ne sélectionne pas ses victimes.
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- Locataire,
- Propriétaire,
- Chômeur,
- Étudiant,
- Salarié
Nul n’est à l’abri d’un budget qui dérape, écrasé par l’empilement de crédits ou des dépenses imprévues. Le crédit à la consommation est un poids lourd dans l’affaire : il pèse 42,9 % de l’endettement total, selon la Banque de France.
Les causes s’entremêlent : perte d’emploi, maladie, séparation, gestion bancale du budget. Chaque dossier cache un engrenage d’événements ou de décisions qui font basculer une situation financière dans le rouge. Stress financier, interdiction bancaire, inscription au FICP, tensions dans le foyer : le choc du surendettement dépasse de loin la seule question des chiffres.
Petite nuance qui change tout : le surendettement n’a rien à voir avec un endettement classique. Ici, l’équilibre a explosé, les charges et les crédits avalent tout le reste à vivre. Quand la commission de surendettement s’en mêle, c’est souvent l’ultime espoir de redresser la barre.
Quelles différences entre surendettement actif et passif ?
Pour la commission, distinguer surendettement actif et surendettement passif est le point de départ de toute analyse.
Le surendettement actif s’installe par choix – ou par aveuglement.
- Empilement de crédits renouvelables,
- Prêts personnels signés à la chaîne,
- Gestion du budget à haut risque.
Ce scénario guette les ménages séduits par la facilité du crédit, mais qui ne voient pas venir le mur. Les crédits à la consommation financent le quotidien, jusqu’à ce que la dette grignote chaque centime disponible. Le piège se referme, lentement, mais sûrement.
De l’autre côté, le surendettement passif frappe sans prévenir. Rien à voir avec un choix ou une folie de consommation. Ici, une tuile – chômage, accident, maladie, séparation – vient balayer les repères. Les charges courantes dévorent les revenus qui fondent comme neige au soleil. L’endettement grossit, non par excès, mais par nécessité de survivre.
Surendettement actif | Surendettement passif |
---|---|
Multiplication volontaire de crédits | Chute de revenus subie |
Décisions financières risquées | Événements extérieurs (maladie, chômage) |
Difficulté à maîtriser le budget | Déséquilibre imposé |
La majorité des dossiers déposés à la Banque de France relèvent désormais d’un surendettement passif. La précarité, les accidents de parcours professionnels font exploser les chiffres. Cette distinction n’a rien d’académique : elle conditionne l’ensemble de la stratégie de sortie.
Reconnaître son type de surendettement pour mieux agir
Mettre le doigt sur la nature de son surendettement : un geste décisif pour s’extraire de l’ornière. Quand le stress financier s’installe, savoir d’où vient la faille aide à cibler la bonne réponse. Un surendettement actif appelle une reprise ferme du budget, un assainissement des crédits à la consommation. Un surendettement passif réclame souvent une négociation sur les remboursements, en tenant compte de la fragilité des ressources.
En 2024, la Banque de France enregistre 134 803 dossiers de surendettement – une progression de 10,8 % en un an. Pour la moitié des ménages, le compte est vide : impossible de rembourser. Déposer un dossier auprès de la commission de surendettement, c’est ouvrir la porte à une évaluation impartiale et à des solutions sur-mesure.
- Le dossier de surendettement déclenche l’examen approfondi par la commission et l’accès à un plan de remboursement ou à des mesures imposées si la négociation s’enlise.
- Identifier le type de surendettement oriente vers les dispositifs d’accompagnement, comme les points conseil budget ou les associations spécialisées à l’image de Crésus.
Le score de crédit et l’inscription au FICP en prennent un coup, cadenassant l’accès à de nouveaux crédits. Mais comprendre les ressorts de son dossier, c’est déjà mettre la main sur le bon levier : plan conventionnel, procédure de rétablissement personnel, consolidation via un tiers… chaque situation a sa porte de sortie.
Des solutions concrètes pour reprendre le contrôle de ses finances
La commission de surendettement, pilotée par la Banque de France, reste l’accès principal à des solutions réalistes. Selon la gravité, trois scénarios se dessinent pour le débiteur :
- Plan conventionnel de redressement : négociation à l’amiable entre le débiteur et ses créanciers pour étaler, rééchelonner les remboursements. En 2024, cette solution prime tant que le dialogue reste ouvert.
- Mesures imposées : si la discussion échoue, la commission tranche et impose un plan, parfois sur sept ans, qui s’impose à tous les créanciers.
- Procédure de rétablissement personnel : pour les cas extrêmes, la commission enclenche l’effacement des dettes (hors pensions alimentaires et amendes). En 2024, plus de 54 % des dossiers clos ont bénéficié d’un effacement total ou partiel.
Les ressources d’accompagnement ne manquent pas. Les associations comme Crésus offrent un accompagnement sans frais. Des sociétés telles que Renault ou Orange proposent à leurs salariés des ateliers de gestion budgétaire ou des microcrédits à taux préférentiels.
La loi Lagarde de 2010 encadre le crédit à la consommation et protège l’emprunteur. Les applications mobiles de gestion budgétaire et les fintechs réinventent la manière de suivre ses finances et de regrouper ses dettes. L’éducation financière devient le garde-fou d’une prévention efficace, bien plus qu’un simple outil pour sortir la tête de l’eau.
Reste à briser le silence, à oser demander de l’aide avant que la dette ne dicte tout. Car dans la bataille contre le surendettement, ce qui pèse n’est pas seulement le montant dû, mais le sentiment d’isolement qu’il génère. La première victoire, c’est d’en parler.