Une statistique brute suffit parfois à révéler l’état d’esprit d’un marché : depuis le début de l’année, le Cac 40 s’est envolé de 9,4 %. Dans l’univers boursier, les chiffres claquent plus fort que les discours. Rester branché sur les signaux du marché, ce n’est pas suivre une mode, c’est garder une main ferme sur la barre dans la tempête. Voici un tour d’horizon des mouvements qui redessinent la physionomie des marchés boursiers ces dernières semaines.
Le Cac 40 secoué par la hausse des taux américains
Les premiers mois de l’année ont offert un départ sur les chapeaux de roue aux marchés financiers. Le Cac 40, en particulier, affiche une progression de 9,4 % depuis janvier. Cette dynamique trouve sa source dans la poussée de l’inflation et les annonces de resserrement monétaire par la Réserve fédérale, mesures déjà palpables dès le mois de février. La menace d’une récession s’estompe en grande partie, portée par la reprise de l’activité économique en Chine. En Europe, le climat reste plutôt favorable : les grands groupes affichent des bilans solides, ce qui se traduit par un gain de +0,96 % pour le Cac 40, tandis que l’indice S&P à Wall Street recule de -0,88 %. Mais l’inquiétude persiste autour de l’inflation qui continue d’alimenter la nervosité des investisseurs américains.
Un combat contre l’inflation loin d’être clos
Rien n’est définitivement acquis sur le front des prix. La semaine écoulée a vu le Cac 40 céder 1,4 %, soit un repli de 0,8 %. Outre-Atlantique, l’inflation repart à la hausse, confirmée par l’indice de l’Université du Michigan. Les avertissements s’enchaînent du côté des banquiers centraux, mais le marché tarde à réagir. Certains dirigeants, à l’image de Thomas Barkin, insistent : la Banque centrale américaine doit poursuivre son resserrement pour espérer freiner la hausse des prix. Barkin souligne que le ralentissement actuel provient surtout du repli observé sur certains biens, une accalmie qui reste fragile.
Le taux terminal des Fed funds dépasse le cap des 5 %
Avant la publication du rapport de janvier, beaucoup tablaient sur un taux terminal des Fed funds sous la barre des 5 %. Pourtant, la Réserve fédérale avait prévenu dès décembre : le taux final s’établirait autour de 5 %. Pour s’ajuster, les opérateurs du marché des fonds fédéraux visent désormais un taux d’environ 5,15 %. Craig Erlam, analyste aguerri, estime que ces anticipations sur les taux d’intérêt commencent à peser sur l’emploi, révélant le mécanisme d’ajustement en cours sur l’ensemble du marché.
La BCE affiche sa fermeté, Isabel Schnabel donne le ton
Isabel Schnabel, membre du directoire de la Banque centrale européenne, ne mâche pas ses mots : selon elle, la BCE doit procéder à de nouvelles hausses de taux, car la désinflation généralisée n’a pas encore débuté en zone euro. Depuis juillet 2022, l’institution a déjà relevé ses taux de 300 points de base, avec une nouvelle augmentation de 50 points prévue pour mars. Schnabel évoque même la nécessité d’un nouveau relèvement de 50 points supplémentaires en mai. La trajectoire est donc tracée : la BCE n’entend pas desserrer la vis tant que le reflux des prix n’est pas solidement enclenché.
Le marché boursier s’apparente désormais à un terrain d’ajustements rapides et de décisions sous tension. Les investisseurs scrutent chaque indice, chaque déclaration, comme on scrute l’horizon à la recherche d’un changement de vent. Ce jeu d’équilibre permanent entre inflation, taux d’intérêt et confiance économique continue de façonner la route des marchés, sans garantie de répit à l’horizon.